Bienvenue sur le blog consacré à CANINES, le roman de Janus paru aux éditions Xenia.

jeudi 10 juin 2010

Après la «Promesse» de Dürrenmatt...

Une «Promesse» pour Luca!

par JEAN-FRANÇOIS FOURNIER, Rédacteur en chef

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«Das Versprechen». «La Promesse», c’est davantage qu’un roman policier. C’est un chef-d’œuvre de Friedrich Dürrenmatt, peut-être le seul écrivain suisse de renommée mondiale. L’histoire d’un flic. Mathieu, qui promet à une mère de découvrir l’assassin de sa petite fille retrouvée morte dans une forêt. Un qe enquête obsédante qui le conduira aux confins de la folie.

«Canines», c’est un roman signé Janus, l’auteur anonyme de «L’Evasion de C.B.», le livre de politique fiction qui révélait les coulisses du putsch anti-Blocher sous la coupole fédérale. «C’est aussi une préface brillante de Me Charles Poncet. Le spectre encore du célèbre «Pull-over rouge» de Gilles Perrault. une enquête sur les approximations de l’affaire Ranucci qui a peut-être bien aidé à l’abolition de la peine de mort en France. L’histoire enfin d’un enfant victime d’une mystérieuse agression dans une station des Alpes, Un chien, dira la justice, même si personne n’y croit dans la région.»

«Canines», c’est un roman sur le travail bâclé de la police et du juge en charge du dossier. Des questions sans réponses qui empêcheraient de dormir quiconque n’a pas d’intérêts à défendre dans l’affaire, et à plus forte raison le détective privé, héros du bouquin. Un espoir de justice pour un gosse désormais tétraplégique et aveugle qui s’accroche à la vie et veut croire que la société aura un jour le courage de l’entendre, même si, pour ce faire, elle doit avouer ses errances, ses erreurs, ses fautes, ses compromissions.

«Canines», disent l’éditeur et le préfacier, c’est de la littérature qui fait appel à la conscience. Un antiroman parce que la réalité se greffe dès les premières lignes sur l’imaginaire. Impossible dans une Suisse au-dessus de tout soupçon de ne pas traduire Gianni par Luca. Impossible - derrière l’intensité du thriller - de ne pas penser au calvaire de la famille Mongelli.

«Canines», c’est le roman d’une région fermée sur elle-même, des clans et de leurs relais à tous les niveaux du pouvoir, politique, judiciaire, médical. Un regard sans concession sur la médiocrité. les lâchetés, le flou artistique érigé en système.

Quelque part, au Sud de l’Italie. il y a un jeune garçon handicapé qui vient de subir trois opérations à Philadelphie, aux Etats-Unis. Qui se bat pour garder le plaisir de vivre. Et qui rêve qu’un jour on lui demandera pardon. Pardon d’avoir tout mis sur le dos de ton chien. D’avoir affirmé qu’il avait été capable de dégrafer ton pantalon, de descendre tes culottes. et d’introduire du «Slim» dans ton derrière...

Qui peut seulement croire naïvement que cela s’est passé ainsi? Gianni, Luca, il y a des gens aujourd’hui qui ne dorment pas du sommeil du juste. Et un jour on saura!

Le Nouvelliste, 10.6.2010.

mercredi 9 juin 2010

CANINES sur Léman bleu

Le 8 juin 2010, Slobodan Despot présente Canines sur Léman bleu.

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A suivre sur l'archive de "Genève à chaud" (dès la 14e minute):

http://www.lemanbleu.ch/leman_bleu_archive_flv.php?new=true&p_emi=78&filename=naxoo/2010/6/8/8865-gvechaud_08-06-2010.mp4

mardi 8 juin 2010

J. L. Kuffer: "De l'horreur ordinaire"

Nous reproduisons ici un article chaleureux publié sur la page Facebook de Jean-Louis Kuffer:

Un antipolar à lire absolument, dans la lignée de La Promesse de Friedrich Dürrenmatt: Canines, de Janus, aux éditions Xénia.

Pas un cadavre à la clef, sauf celui d'un chien dans le rôle du bouc émissaire. Des faits calqués de près sur ceux d'un drame réel aux apparences ordinaires et non moins extraordinaire dans sa réalité sordide, reflet d'une société minée intérieurement par l'indifférence, plombée extérieurement par l'incompétence.

Les faits: en février 2002, un petit garçon turbulent de 7 ans, prénom Luca, fils d'aubergistes italiens dans un village valaisan, est retrouvé inconscient et presque nu dans la neige, couvert de griffures et d'ecchymoses, comme s'il avait été fouetté, battu, traîné dans les ronces, peut-être violé ? Non: la piste du pervers sadique est vite écartée, mais tout le reste de l'enquête sera tissée de lenteurs, bavures, gâchis lamentable, avant que le seul coupable désigné, bouc émissaire parfait, ne soit désigné en le "personne" d'un chien, un misérable chien finalement liquidé comme le Mal incarné.

Or, c'était compter sans la conviction intime des parents de Luca, et l'obstination du détective sédunois Fred Reichenbach qui mena son enquête parallèlement aux investigations et aux mesures, incroyablement sommaires, de la police et de la justice. De ces faits réels, constituant l'affaire Luca, la Télévision romande a nourri une émission aux témoignages accablants. (http://www.tsr.ch/video/emissions/zone-ombre/3136-l-affaire-luca.html.) Une plainte n'en a pas moins été déposée contre ce document exceptionnel. Toujours du côté "réel" de l'affaire, Luca vit aujourd'hui en Italie avec sa mère (son père est revenu travailler en Suisse alémanique), aveugle et tétraplégique mais plein de joie de vivre (!) et entouré de solidarité. Les vrais coupables présumés, eux, se débrouillent avec leur conscience de fils de Suisses au-dessus de tout soupçon, protégés jusque-là par toutes les parties constituées, loi du clan oblige. La réouverture de l'enquête n'est cependant pas exclue. L'omertà pourrait encore prendre du plomb dans l'aile. Ce serait la moindre justice...

Côté roman, Luca se prénomme Gianni et le détective, en pleine crise existentielle auprès d'une acariâtre Babette accro de séries policières, Jack. Dans les grades largeurs, le roman se tient, au dire de son auteur pseudonommé Janus, tout près des faits avérés. En revanche, l'ouvrage se distingue du document brut ou du témoignage par une immersion humaine et une mise en perspective éthique de toute l'affaire qui élève considérablement le "débat" et touche à la littérature.

Point de cadavre, donc, dans Canines, mais une plongée dans l'abjection ordinaire faite de négligences meurtrières, de bavures à répétition, de petites lâchetés aux grandes conséquences, dans une sorte de complot de la médiocrité liguée contre toute vérité dérangeante. Janus, avec un vrai talent de romancier relevé en préface par l'avocat genevois Charles Poncet, construit un roman lesté d'humanité et de révolte combien légitime, aux personnages bien campés et à la densité émotionnelle constante, non sans burlesque aussi dans la relation "à la Deschiens" du détective et de sa terrible Babette. Sans caricaturer les figures de ce drame encore à vif, il brosse une frise de personnages aussi lamentables que sûrs de leur bon droit (du flic débile au juge informateur borné, en passant par les médecins indignes et pleutres ou ce juge non moins cuistre et vulgaire dans son incompétence) mais avec une réelle épaisseur humaine, dans une écriture fluide et ferme. Par delà l'anecdote locale (tout cela pourrait se passer en Sicile ou aux States, cela va sans dire), ce livre nous confronte à la peu reluisante réalité humaine, sans donner dans le nihilisme pour autant.

Point de cadavre vraiment ? On ne dévoilera pas, à vrai dire, la triste issue de cette triste dernière enquête de Jack le Juste au pays des faux jetons...

Janus. Canines. Editions Xénia, Vevey.

http://www.editions-xenia.com/livres/canines/

CANINES chez Pascal Décaillet

Ce mardi 8 juin, jour de la parution de Canines, son éditeur Slobodan Despot sera l'invité de Pascal Décaillet sur le plateau de "Genève à chaud" pour présenter le roman.

• Visionner via le site de Léman bleu:

http://www.lemanbleu.ch/leman_bleu_geneve_a_chaud.php

CANINES: Interview de Janus dans 24 Heures

INTERVIEW | En 2002, Luca est retrouvé dans le coma à Veysonnaz (VS). La justice désigne comme coupable un chien. Le début d’une formidable polémique. L’affaire rebondit aujourd’hui dans Canines, un roman signé… Janus.

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© MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE | 26 Juin 2002, Luca, 7 ans, et sa maman Tina dans un parc de Genève. L’agression dont il a été victime l’a laissé tétraplégique et aveugle. Il vit aujourd’hui en Italie.

Jean-Louis Kuffer | 08.06.2010 | 00:01

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C’est un «antipolar» qui paraît aujourd’hui, huit ans après le drame de Veysonnaz. Dans la nuit du 7 février 2002, un petit garçon est retrouvé inconscient dans la neige, à moitié nu. La justice désignera un chien coupable. L’affaire est classée malgré de nombreuses zones d’ombre, des erreurs de procédure. Dans Canines, Janus, romancier sous pseudonyme, se ressaisit du cas pour explorer les pistes d’un détective de Sion. Rencontre.

– Pourquoi signez-vous Janus?– Parce que le nom de l’auteur risquerait d’interférer dans la réception de l’œuvre. D’un côté, je suis un homme jouant un certain rôle social, avec ses obligations et contraintes. De l’autre, je suis un auteur que personne ne soupçonne d’écrire ce genre d’œuvres. La littérature est mon «masque de fer».

– Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire un livre sur cette affaire?– Dès son classement, en 2004, ce cas irrésolu a frappé mon imagination. L’inhumanité inhérente à ce fait divers s’exprime dans toute son horreur par le terme de «Rital congelé», prononcé par un juge…

– Pourquoi un roman plutôt qu’un document?– Parce que le roman contient plus de vérité que les faits réels. Il sonde l’âme et pénètre des dimensions que la réalité passe par pertes et profits. C’est pourquoi la vraie histoire du monde se trouve plus dans les grandes œuvres littéraires que dans les faits historiques.

– Quelle a été votre base documentaire?– Je me suis fondé sur de nombreux entretiens avec les protagonistes du drame, et sur l’enquête de longue haleine menée par le détective Fred Reichenbach. Les événements relatés ont vraiment eu lieu. Par contre, la psychologie des personnages est imaginée.

– Dans quelle mesure votre roman peut-il contribuer au développement de l’affaire?– Il y a eu coïncidence entre la réactivation de l’affaire, due aux plaintes déposées contre la TSR plus d’une année après la diffusion de l’émission Zone d’ombre, le 4 janvier 2009, et la parution du livre. Mais ce qui m’importait, c’était de créer un univers romanesque, rien d’autre. Parfois, la littérature permet de rendre la dignité aux victimes. Ce que j’espère avoir fait.

– Pourquoi sous-titrer Canines «antipolar»?– Parce que dans un polar, la vérité finit toujours par être révélée sur la base de preuves ou d’indices. Dans Canines , rien de tel. On reste sur sa faim jusqu’au bout, et l’auteur est aussi impuissant à mettre un point final à l’affaire que son limier.

– L’ancrage en Suisse – et en Valais – de ce drame est-il significatif?– Non. Ça aurait pu se passer dans n’importe quelle vallée alpine. Le type de tissu social qui apparaît ici concerne toutes les contrées périphériques du monde où règne une société clanique.

– L’origine étrangère des parents joue-t-elle un rôle?– Oui, évidemment. Venant d’ailleurs, ils n’ont pas de relais à l’intérieur du système et butent contre l’omerta.

– Quel message voulez-vous faire passer?– Canines n’est pas que le récit d’un fait divers sordide. C’est avant tout une réflexion sur le fonctionnement de la société humaine, la perte de valeurs et d’empathie. Deux interrogations se sont d’emblée imposées à moi: comment donner un sens à un monde qui permet de telles horreurs et quelles sont les dérives de la modernité qui les rendent possibles?

– Quelles réponses avez-vous trouvées?– Si le destin tragique du petit garçon ne renvoyait qu’à lui-même, le monde serait perdu sans rémission. Par le fait qu’il a amené un être humain à aller plus loin dans la remise en question de la société et de l’existence humaine en général, cela donne une chance au futur: le détective prouve, par sa capacité de désespérer du monde, qu’il y a encore des êtres humains qui échappent à l’indifférence générale.

Canines, Janus, Ed. Xénia, 192 p.

 

LES FAITS

Le détective: «Comme un bizutage qui aurait mal tourné»

Le 7 février 2002, Luca Mongelli était retrouvé en pleine nuit, près de la maison de ses parents, à Veysonnaz, inconscient et en hypothermie. Gisant dans la neige à moitié nu et le corps couvert de griffures et d’ecchymoses, il fut pris en charge par les médecins excluant aussitôt toute agression sexuelle. Parallèlement, un inspecteur procédait à un premier constat sans sécuriser le lieu du drame, d’une manière reconnue sommaire, voire désinvolte.

Après la mise en cause d’un tiers soupçonné injustement d’acte pédophile, la justice valaisanne conclut que l’enfant avait été attaqué par son propre chien, Rocky, un berger allemand qu’il promenait avec son frère, Marco, âgé de 4 ans. L’affaire fut classée fin février 2004, et le chien euthanasié. La mesure fut dénoncée par la famille et son avocat, Me Fanti, convaincus de l’insuffisance de l’enquête. Sollicité par les parents de Luca, un détective privé sédunois, Fred Reichenbach, mena une investigation séparée qui lui permit d’envisager un autre scénario que celui de la justice. Celui-ci incrimine quatre adolescents connus pour leur violence, mais bénéficiant d’une protection liée au statut social de leurs parents.

Selon Fred Reichenbach, le fin mot de l’affaire se réduirait à «un bizutage qui aurait mal tourné». La thèse du chien, bouc émissaire idéal, aurait délivré les parents des ados de toute responsabilité, notamment financière, tandis que l’autorité verrouillait la loi du silence.

Source URL (Extrait le 08.06.2010 - 11:13): http://www.24heures.ch/actu/suisse/drame-luca-rejaillit-polar-2010-06-07

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